Aujourd’hui, bonne nouvelle : au dernier moment, j’apprends que j’ai mon après-midi de libre ! Cool, je vais pouvoir en profiter pour aller au cinéma voir le film que je pensais avoir loupé : « Attention ! Danger ! Travail ! »…. Ca faisait un moment que j’avais envie d’aller voir ce documentaire dont j’avais lu le résumé sur le site www.rienfoutre.org (d’ailleurs, j’avais trouvé ce site grâce à un lien sur le joueb du dénommé Taupe, qu’il en soit remercié) et je pensais que plus aucune salle de Paris ne le passait vu qu’il était sorti en octobre.

 

Et dimanche, complètement par hasard, je passe devant une petite salle de ciné et mon oeil est attiré par l’affiche bien caractéristique du film : un panneau triangulaire avec la silhouette d’un homme foudroyé, un attaché-case à la main avec ce titre en accroche « Attention ! Danger ! Travail ! »…. . Ni une ni deux je chope le programme et j’entoure les horaires de diffusion.

Et aujourd'hui, à midi, j’en reviens pas que, comme par hasard, mon cours ait été annulé et que, comme par hasard, le film passe au même moment ! C’est comme ça, c’est obligé, ça veut dire que je dois aller le voir.

Tac en sortant à midi, je rentre chez moi, je mange, je bosse un peu en attendant le moment de partir avec fébrilité. Je décide de partir ½ h en avance, ça ira. L’heure arrive.

Je prends le métro, mon casque sur les oreilles j’écoute du Souchon, du Gainsbourg, du A.S. Dragon, du Radiohead… Oups, prise dans la musique je manque de rater la correspondance… Je descends de la rame, je cherche la ligne… je trouve pas. On est à Châtelet faut dire… J’ai jamais réussi à m’y retrouver depuis que j’habite ici… Je tourne je vire, je monte et descends 115 escalators, je prends 12 tapis roulants…heureusement que j’ai de la musique dans les oreilles ça me permet de marcher en rythme (de toutes façons dès que j’entends de la musique je peux pas faire autrement que de me mettre sur le tempo).

Pffff… le temps que je trouve la ligne et que le métro arrive, je suis déjà à la bourre.

J’arrive à la bonne station. Je sors… et là, avec mon sens de l’orientation légendaire (super pour nana censée devenir conseillère d’orientation psy l’an prochain !), je ne me rappelle plus du tout où est le ciné par rapport à la bouche de métro. Je suis carrément à la bourre le film doit avoir commencé depuis 10mn. J’ai pris la rue dans le mauvais sens mais je ne le sais pas encore… Un gars avec une caméra est en train d’interviewer une bonne sœur… Il me voit avec mon plan du quartier à la main, l’air complètement stressée mais c’est pas grave, il me demande : 

- Mademoiselle, vous êtes pressée ? C’est pour une interview… 

- Oui je suis pressée mais surtout je suis paumée vous savez pas où se trouve le ciné Images d’Ailleurs ? 

- Non.

Dégoûtée! Voilà que je loupe l'occase de donner ma première interview à la télé! Et à la suite d'une bonne soeur en plus... Décidément, c'est pas aujourd'hui que j'aurai mon 1/4 d'heure de célébrité...Je continue.

Ayé !!! J’ai compris que j’ai pas pris le bon sens ! Je fais demi tour. C’est carrément à l’autre bout de la rue… Ouf ! le ciné ! 

- Une place pour « Attention, Danger ! Travail », s’il vous plaît… !,  articulai-je hors d’haleine…. 

- C’est commencé depuis un moment, vous savez…   

- Oui je sais mais je m’suis perdue… je suis venue exprès de loin, en plus... allez, siouplaît…  

- BOn, Ok...   

- Merci !!

J’entre dans la salle. C’est tout petit, ça pue un peu les pieds, mais il y a un joli bruit de film qui tourne avec une vraie machine de projectionniste qui fait « Tikitikitikitik ». On doit être 20 pelés dans la salle qui, même minuscule, est loin d’être comble…

Et là, ce documentaire que j’attendais tant de voir, parce que ce que j’en avais lu semblait résonner dans ce qui me semblait juste, que le titre me tentait, ce documentaire a dépassé mes espérances.

J’ai entendu dans la bouche de personnes que je n’avais jamais vues et qui témoignaient dans ce film, tout ce à quoi moi je pensais jour après jour depuis des années, parfois mot pour mot ! Ces individus avaient appliqué à leur vie ce à quoi j’aspirais pour la mienne : avoir du temps et tant pis pour les thunes !! Et c’était génial de les entendre dire tous avec leurs mots ce que je gardais dans ma tête depuis si longtemps ! C’était possible ! C’étaient des espèces de Mademoiselles Ptitetsu, ces gens-là ! Il y avait des gens qui existaient et qui avaient fait le choix d’avoir leur temps à eux plutôt que de le sacrifier pour de l’argent qui servirait à acheter des biens dont ils n’avaient besoin que parce qu’ils travaillaient justement !! Ils faisaient ce qu'ils voulaient, ils lisaient, ils se promenaient, ils apprenaient des choses... ils étaient heureux!Ils ont pensé à tout ça, comme moi et avant moi !!

Et il y avait d’autres gens qui avaient décidé de faire un film sur eux… et puis d’autres encore qui avaient envie de voir ça au cinéma, comme moi !

J’ai été émue, j’ai rigolé, j’ai eu envie d’applaudir, de huer (huer c’était pour les passages où Raffarin et Seillière disaient des énormités plus grosses qu’eux !) et des gens dans la salle riaient, applaudissaient et huaient en même temps…

Quand la lumière s’est rallumé, tout le monde avait le sourire et regardait ses voisins de salle et d'idéologie d’un air de connivence…. Moi qui suis pas trop du genre à sourire à des gens que je connais pas et même à plutôt avoir l’air de faire la gueule dans les lieux publics pour pas qu’on vienne m’emmerder, je pouvais pas m’empêcher d’avoir le smile… Je suis repartie avec Gainsbourg sur les oreilles qui chantait « Le poinçonneur des Lilas » (Coïncidence ?). Du coup, je me suis arrêtée au supermarché acheter de quoi faire des crêpes tellement j’étais de bonne humeur…

(et si ça peut en rassurer certaines, je suis pas loin de finir le pot de Nutella… mais j’ai aucun regret !!);)

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