Pas de dessin aujourd'hui.
Je n'ai pas de couleurs pour décrire ça:
Un bref aller-retour, dans de pénibles circonstances, au pays de la lumière.
La famille s'est beaucoup réduite depuis quelques années. Elle, c'était la dernière de sa génération; même si elle n'était plus parmi nous depuis longtemps, elle était encore là et sa présence formait un trait d'union entre nous et là-bas. Mais je ne parlerai pas de mes sentiments ici.

Là-bas, si j'y avais grandi, je pense que je serais différente, peut-être moins indolente, peut-être plus impétueuse.
Pour moi, là-bas, c'est l'ombre et la lumière des feuilles de platanes sur les façades, les coups de pinceaux écrasés des cyprès à l'encre de chine sur des aquarelles de collines bleues. C'est rire avec les amis de mes parents et leur accent qui exagère tout, et les mots doux de notre tante et de nos cousines de coeur.
Avant, là-bas, c'était aussi une maison ombragée avec une cour de graviers, des étables et des murs épais qui avaient vu naître mon père, et son père, et ses aïeux. C'était le dos voûté de mon grand-père, ses yeux clairs et son silencieux sourire; c'était les yeux verts d'eau de ma marraine, sa voix et ses jambes aigrelettes, sa force et ses bocaux de cerises. Et tout le reste de ma famille de là-bas, disparue, sous des plaques de marbre.
Ils sont nés et ont grandi à la lumière et depuis, les journées ont une autre texture.

J'ai envie d'essentiel, c'est-à-dire de superflu. D'arrêter de courir et de planifier des stratégies sur des choses "sérieuses", les oui, les non, les examens, les obligations. Je voudrais juste être légère comme au temps où je les voyais à chaque vacances, au pays de la lumière, et que je ne me rendais pas compte de ma chance.

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