J'écris à contre-coups alors excusez-moi, je n'arrive plus à être dans le ton. Mais il reste ce qui m'est venu à l'esprit ces derniers jours en voyant une large affiche de film dans un couloir venteux. Sur la partie gauche, un homme à lunettes et à barbe fleurie, un effet de flou qui accentue son air limite christique sur un fond de mur graffité de symboles de la paix et de l'amour. Sur la partie droite, on reconnaît les traits en dépit des trente ans écoulés, mais les lunettes ont des angles et la barbe a disparu. Reste une bouche aigre, un regard glacial, un costume d'homme d'affaires assis à l'arrière d'une voiture (que l'on présume donc avec chauffeur).
C'est vrai qu'on change en trente ans.
Et nous? Et moi?
Est-ce qu'on est obligé de se rendre à la "raison" un jour? Avec la fatigue, avec les déconvenues? Est-ce que les belles idées sont toutes des illusions qui ne résistent pas à la maturité, à l'expérience, à l'épreuve du possible? Du souhaitable? De l'intérêt personnel? Est-ce que c'était trop long d'attendre? Trop fatigant de nager à contre-courant? Trop ridicule d'envisager autre chose? Trop décourageant que ça n'ait pas marché avant?
Parfois j'ai peur que Melle Ptitetsu meure.
Je crois que je préfèrerais qu'elle meure plutôt que de voir son regard devenir dur et des tailleurs pousser sur son dos. Je dis ça maintenant. Je l'écris. Et je vais même l'imprimer ou le graver sur la table. Parce que j'ai peur de ce que je pourrais dire plus tard.



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