A l'heure où je vous parle, je sèche les cours pour soi-disant bosser sur mon p... de mémoire (parce que faut pas déconner, non, plus : "atelier collage" cet aprem!), mais, comme vous pouvez le constater si vous me lisez, je bosse pas sur mon mémoire puisque j'écris ce post.
Mais attention!! Ca veut pas dire que je bosse pas! Au contraire! Depuis que je suis rentrée, j'ai fait un travail de recherche relativement poussé pour le temps qui m'était imparti sur le thème du cours de ce matin : "Qu'est ce que le travail?" dont je m'en vais vous livrer mon point de vue farfelu, peut-être, mais c'est le mien, vous êtes pas obligé d'adhérer non plus.
Entre autres choses plus pragmatiques, le formateur de ce matin nous a entretenu de la nécessité de trouver un sens à son activité professionnelle en l'inscrivant dans quelque chose de plus global qui ne répond pas à un besoin immédiat au contraire d'autres activités vitales comme manger, boire ou dormir.
En gros, si je résume, le travail c'est le tribut que paie l'homme pour vivre en communauté (un peu comme les fourmis - ndla) mais le fait que cette activité ne soit pas directement reliée à un besoin (pas comme les fourmis-ndla), le rendrait "noble" et serait porteur d'un sens. Si je comprends bien, les animaux ne travaillent pas puisqu'ils nourrissent uniquement leurs besoins immédiats (genre, ils chassent pour manger, construisent des nids pour... nicher,quoi.) alors que nous, on fait une activité détournée de son vrai sens (genre, le gars qui conduit le métro, c'est pas comme ça directement qu'il pourvoit à ses besoins alimentaires) mais qui a d'autant plus de sens...? donc c'est forcément bien? Et ça existe depuis toujours, donc c'est comme ça et pas autrement...
Ok mais est-ce que parce que ça existe depuis des millénaires c'est forcément immuable? Les gens ont utilisé leurs pieds ou les chevaux comme transport pendant des millénaires. Grâce au progrès et à la technique on a conçu des véhicules qui nous font gagner un temps précieux. Pourquoi pas pour le travail?
Et le fait que son travail ait du sens, est-ce que nous ça nous apporte quelque chose au niveau de notre ressenti? Est-ce qu'on doit forcément aimer ça parce que ça a un sens??
Mais bon, laissons cela pour l'instant...
Mon propos, c'est plutôt de parler d'une particularité qui me semble étrange... Beaucoup de gans semblent très attachés à leur travail et cela semble dépasser le simple fait que c'est leur gagne pain et que sans lui ils perdent leur source de revenus et avec ça leur confort de vie (bien que pour certains, on ne peut parler que de moyen de subsistance)...
Non, ces gens semblent authentiquement attachés de manière affective à leur travail et seraient véritablement désoeuvrés sans lui. Il semble que, mieux que d'avoir trouvé du sens à leur travail, celui-ci soit devenu le sens de leur vie.
Il est curieux, (pour moi) d'aimer à ce point une activité qui impose tant de contraintes extérieures, qui génère tant de stress non seulement dans l'exercice même de cette activité (objectifs, contraintes de temps, efficacité évaluée parfois, limitation de la liberté d'expression, hiérarchie...) mais aussi dans la crainte de perdre cette même activité (souvent synonyme de mort sociale et économique). Certes, les bénéfices de gratification personnelle, le sentiment d'être utile à la communauté ou simplement performant dans son domaine existent mais dans bien des cas et particulièrement chez ces personnes passionnées par leur activité professionnelle, les inconvénients sont majoritaires (vies sociales et familiales amputées par l'accumulation d'heures supplémentaires, état de stress chronique, parfois somatisation...). sans compter le simple fait d'être assujetti à cette activité pendant un temps non négligeable de ses journées et de sa vie...

Et c'est là que j'ai envie d'oser (soyons fous!) un parallèle audacieux avec ce qu'on appelle le "Syndrome de Stockholm" qui présente à mes yeux de singulières similitudes avec cet amour paradoxal du travail.
Je reconnais que c'est un peu extrême mais ça se tient:
Considérons que ces travailleurs sont les otages et que "le travail" (comprendre la règle implicite qui fait que nous sommes presque tous dépendants d'une activité professionnelle pour subsister) est le ravisseur (oui : les vrais ravisseurs nous volent notre liberté et détiennent pouvoir de vie et de mort sur les otages; le travail aussi quelque part... nous ne sommes pas libres de nos mouvements quand nous travaillons et sans lui pas possible de survivre bien longtemps dans notre société... ).
Voici une définition sommaire du syndrome de Stockholm : " Le syndrome de Stockolm désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à adopter peu ou prou le point de vue de ceux-ci.".
Ce syndrome a été décrit en 1978 à l'issue d'une prise d'otage au cours d'un hold-up à Stockholm en 1973 où, contre toute attente, les victimes se sont attachées fortement à leurs ravisseurs au point que l'une d'elle a même épouser l'un des preneurs d'otages par la suite.
3 conditions sont nécessaires pour susciter ce syndrome (qui n'est pas une maladie mentale, ni un lavage de cerveau) :
"1) l'agresseur doit être capable d'une conceptualisation idéologique suffisante pour pouvoir justifier son acte aux yeux de ses victimes ;
2) il ne doit exister aucun antagonisme ethnique, aucun racisme, ni aucun sentiment de haine des agresseurs à l'égard des otages ;


3) enfin, il est nécessaire que les victimes potentielles n'aient pas été préalablement informées de l'existence de ce syndrome."

Je reprends point par point mais je crois que c'est clair.
1) conception idéologique = le fameux sens du travail et sa "noblesse"
2) le code du travail protège des ségragations de toutes sortes. De plus le système qui nous exploite n'a aucune raison de nous haïr
3) Ben non, les "victimes" peuvent pas savoir ce quelles ont puisque c'est moi qui vient d'inventer ce parallèle, à ma connaissance ça n'existe pas encore...

Ce syndrome est présent si on retrouve 3 critères diagnostiques tels que :
1) le développement d'un sentiment de confiance, voire de sympathie des otages vis-à-vis de leurs ravisseurs ;
2) le développement d'un sentiment positif des ravisseurs à l'égard de leurs otages
3) l'apparition d'une hostilité des victimes envers les forces de l'ordre.

Il paraît que certaines victimes continuaient à parler de manière positive de leurs ravisseurs même si ceux-ci avaient opéré des sévices physiques sur elles (mutilations)!
Alors je pense qu'il est crédible de penser que certaines personnes (peut-être même la majorité) peuvent être le jouet d'un syndrome similaire concernant le joug du travail.
Je ne vois pas d'autre explication pour comprendre l'engouement suscité par une activité si contraignante et privatrice de liberté...
Sinon, quand même, depuis le temps on aurait bien trouvé un moyen de se défaire de ce fardeau : c'est pas les moyens technologiques qui manquent pour nous alléger la tâche!! Et je pense que ça n'entraverait en rien la cohésion sociale ; au contraire : les rapports seraient moins faussés.
Ou alors c'est moi qui suis atteinte d'un syndrome inconnu qui consiste à préférer l'autonomie et l'épanouissement de chacun dans la liberté... mais alors là c'est grave.


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