Avez-vous remarqué qu’ il y a des gens à qui il arrive tout le temps des choses super qui ne nous arrivent jamais ou alors exceptionnellement ?

Ca fait un peu râler parce qu’on ne comprend pas pourquoi. Qu’est ce qu’ils ont de plus que nous ? A priori, rien. Ca ne s’explique pas, c’est un mystère quasi occulte, c’est ce qu’on appelle la chance, la veine, le bol ou la baraka. Certains l’ont et d’autres pas : eux, ils l’ont, nous, pas. Point barre.

 

Et puis eux, depuis le temps qu’il ne leur arrive que des chouettes trucs, ils doivent trouver ça normal, ils sont habitués, c’est comme ça : c’est eux qui auront les places de théâtre les mieux placées dans la salle alors qu’ils s’y sont pris au dernier moment pour réserver et que nous, on s’y est pris 6 mois à l’avance et on est au paradis sur le strapontin de l’extrême gauche et on voit rien; c’est eux à qui 94 meilleurs amis organisent des anniversaires surprises sans qu’ils aient besoin de rien rappeler à personne alors que nous, on reste prostrés chez nous à attendre un coup de sonnette ou de fil car le jour J,  nos 3 potes ont zappé l’événement (sauf mamie, qui ne fait pas exactement partie de notre cercle de potes et qui, en plus, croyait que c’était l’anniv de notre frère) ; c’est eux, quand on va faire notre premier casting dans l’espoir de faire de la figuration dans une pub, qu’on remarque en premier, alors qu’ils n’étaient là que pour nous accompagner, et à qui on propose un rôle récurrent dans la série à succès de l’été alors que, personnellement, nous, on trouvait, en toute objectivité, qu’on passait vachement mieux à l’écran…

Parfois on en vient à se demander s’ils n’ont pas fait un pacte avec Lucifer pour avoir cette chance de cocu et on en vient parfois à souhaiter qu’ils le soient (cocus) mais on n’en a aucune preuve tangible et ça nous fait encore plus pester! Et en plus on se culpabilise d’être jaloux et de leur souhaiter du mal car, en somme, ce sont des personnes charmantes, pleines de qualités et qui ne demanderaient pas mieux que le monde entier puisse profiter comme eux de cette bénédiction invisible qui plane au dessus d’eux.

 

Bref, tout ça pour dire que la personne de qui il est question dans ce joueb, en l’occurrence Melle Ptitetsu, fait partie de cette caste consacrée et bienheureuse pour qui la route de la vie s’apparenterait à un tapis roulant recouvert de moquette en poil d’angora traitée anti-tâche. Et je m’en vais vous illustrer cet état de fait par une anecdote bien sentie et très représentative, bien que toute simple, de l’aura qu’exerce le personnage sur choses et gens, tout confondu.

 

Aujourd’hui, en sortant, harassée, hirsute et le rimmel dégoulinant, d’une journée de travail on ne peut plus éprouvante, j’ai pris mon courage à 2 mains pour pousser la porte d’un bureau de poste …à 17h15. La raison de cet acte de pure folie, me demanderez-vous ? J’avais besoin d’acheter des timbres qui serviraient à garnir les multiples enveloppes contenant le montant de mes multiples factures. Joie. Je  pousse donc la porte du bureau le plus proche de chez moi. Chose à prévoir : environ 114 personnes se tenaient en rang serré, la bouche amère, le regard méfiant dans un espace avoisinant les 20 m². C’est alors que dans un instant de jubilation, je repère, de l’autre côté de la horde, un automate distributeur de timbres ! Première opération, doubler la meute pour atteindre la machine, tout en leur faisant comprendre qu’on n’essaie pas de leur piquer leur place dans la queue. Dur. J’évite de justesse les coups de dents mais ne peux éviter de provoquer quelques grognements menaçants. Ouf, j’y suis ! Apparemment, le principe de l’engin est simple : introduire les piécettes et récolter en un tournemain l’objet convoité : le carnet de timbres ! Je fouille dans mon porte-monnaie, dans l’espoir fou d’y trouver le montant désiré. Las ! C’était oublier que je faisais partie de la caste des lépreux à qui rien ne tombe tout cuit ! 4 pièces de 5cts, et 2 de 10cts… mais… oui ! un billet de 10 euros s’était caché dans un recoin ! Et j’aperçois une machine à faire de la monnaie ! Le vent tournerait-il ? Ne nous avançons pas trop… Si !! Le voyant vert indique que la machine est en service !! Je glisse mon billet et 10 secondes plus tard, j’entends le joyeux tintement des pièces qui tombent, comme au casino (enfin presque). Cinq pièces de 2 euros. Cela devrait faire l’affaire ! Je désigne sur l’écran tactile le carnet de timbres: « Veuillez introduire la somme de 5 euros » me demande courtoisement la machine. J’introduis la somme… et instantanément, les pièces retombent dans le bac de rendu de monnaie… Message à l’écran : « Cet automate n’accepte pas les pièces de 2 euros, veuillez-nous excusez de ce désagrément momentané ». Enfer et damnation !!!! Bloody guts !!! Damn hell !!!!!  Je n’ai plus qu’à faire la quête parmi les 157 personnes (oui, entre temps 43 personnes s’étaient jointes à  la fête) pour échanger mes trois pièces contre leur équivalent en espèces plus petites. Timide comme je suis, la première personne à qui je m’adresse ne m’entends pas. La seconde n’a pas de monnaie. La troisième en a ! Pour ça oui, elle en a !!! 5 pièces de 50cts, 8 pièces de 20, 3 pièces de 10, et 12 pièces de 5… Mais au moins le compte y est…Je retourne à l’appareil et tente de lui faire ingurgiter toute cette petite monnaie…Allez, plus que 6 pièces de 5cts et c’est b…ARHGGHHH !!!!!!!!!!! Il a tout recraché ce p****** de b***** de sapristi d’objet de m***** !!!!

Je retente l’expérience. Même résultat. Tout le monde est mort de rire dans la salle. Au moins j’ai détendu l’atmosphère… Moi j’ai mal aux trapèzes. C’est comme ça quand je suis crispée.

Tout à coup, je vois le bureau se vider presque instantanément. C’est la fermeture ? Non, mais les opérations au guichet semblent se régler à une vitesse phénoménale. Les gens défilent, on dirait qu’ils sont juste venus dire « bonjour » au guichetier et qu’ils repartent de suite après… Que se passe t-il ?

C’est alors que dans la file d’attente, je vois Melle Ptitetsu qui attend tranquillement son tour pour passer au guichet. Moins de trente seconde après son arrivée dans la salle, un employé la reçoit poliment, visiblement charmé, et j’entends la demoiselle qui lui demande en souriant s’il a des jolis timbres à lui montrer pour faire beau sur les enveloppes qu’elle va envoyer à ses amis pendant ses vacances…

Et je me sens très fatiguée…

 

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