Ca devait être aujourd'hui le grand jour.

On avait pris nos après-midi respectifs, on s'était fait tous chics.
Il avait mis un costume, j'avais mis du rouge à lèvres et des chaussures qui font mal et on était partis à pied vers le tribunal d'instance (la mairie, en fait), lui mort de chaud avec sa veste en laine, moi boitillant et me tordant une cheville tous les trois pas dans mes escarpins blancs à bout pointu.
On était mignons comme tout.
Le champagne était au frais, on s'était même envoyé une carte de félicitation avec 2 petits Piafs qui ont l'air de 2 mâles et qui se disaient "Bon PACS!!!" (il avait rajouté des zatributs sexuels reconnaissables à chacun et j'avais renchéri en dessinant des cils de fille à celui de gauche).
On toque à la porte du tribunal d'instance. Une dame nous demande de patienter parce qu'on est en avance (la mairie est à 300 m mais on est partis une demi-heure avant parce qu'avec mes casse-gueules de godasses, je savais pas combien de temps j'allais mettre).
Deux filles avec les cheveux courts sortent du bureau du greffier tout sourire, la main dans la main. C'est à nous. On a notre dossier plein de papiers, plein d'attestations, de certificats, de contrats qu'on a galéré à rasembler.
Le greffier doit avoir 30-35 ans. Il ne nous serre pas la main. Il a l'air obséquieux. Il est tout propre sur lui avec sa petite chemise à fines rayures, ses lunettes sans montures, sa chevalière. Il s'asseoit et commence "Nous allons procéder à la validation de votre PACS". Il se saisit de nos cartes d'identité.
Et là, il commence à avoir des convulsions et à transpirer abondament. Il déboutonne un bouton de son col. On se regarde avec chéri, légèrement inquiets.
Il essaie de poursuivre et nous demande nos actes de naissance.
La voix du greffier est bizarre, elle devient nasale. Il n'a pas l'air bien du tout. Il porte les mains à son visage et émet une sorte de long gémissement. Je risque un "Ca va?..." craintif....
Lorsqu'il retire ses mains, son nez s'est allongé, ses yeux sont injectés de snag, il arrache ses lunettes avec force et son front s'allonge de plus en plus!!! Devant nos yeux horrifiés, le greffier s'est transformé en... Sarkozy!!!!
Pétrifiés de peur, nous ne pouvons que hurler! C'est un vrai cauchemar!!
C'est pire que dans le clip de Thriller!!
Du coup, on laisse tout sur place et on se sauvé en courant (j'ai enlevé mes chaussures avant).

Non... Vous avez eu peur, hein?
En fait, il manquait le deuxième prénom de mon chéri sur son attestation de non pacs préalable et en plus elle était périmée (elle n'est valable qu'un mois, paraît-il, on savait pas).
J'ai dit au greffier : "Mais on a mis vachement de temps pour les recevoir, ça va beaucoup retarder le prochain rendez-vous!"
Il m'a dit : "Pardon?" sûrement parce que j'avais employé le mot "vachement" en son auguste présence.
J'ai répété sans le "vachement". Mais ça changeait rien.
Il faut redemander une attestation de non pacs pour mon chéri et sûrement une pour moi aussi parce qu'entre temps la mienne sera certainement périmée aussi.
Donc c'est pas encore qu'on ouvrira le champagne... Et puis il va falloir se reprendre une après-midi, réenfiler ces chaussures, revoir l'ersatz de Sarko...
Dégoûtée...

Répondre à cet article