J'avais envie de vous parler d'un moment très fort de ma vie qui remonte bientôt à 4 ans. C'est un moment important pour plusieurs raisons, je vais vous expliquer (en 2 post, parce que c'est très long).

Je venais d'avoir 20 ans, étudiante, je vivais avec mon copain de l'époque (on l'appellera Franck), gentil et tout... Apparemment tout  est rose.
Faut vous dire aussi que depuis... poufff très très longtemps, c'était pas trop la fête dans ma tête. Je ne me rappellais même plus avoir été bien dans mes baskets un seul jour depuis ma toute petite enfance. Mais ça par contre, personne ne le savait parce que j'étais passée maître dans l'art de paraître la plus normale possible. Tout allait toujours bien, humeur égale, pas de crise d'adolescence, pas de colères, bonnes notes... depuis toujours.

Et puis un jour, en voiture avec mon copain (il conduisait), PAF! Accident! Aucune raison que ça arrive: soleil, pas bu, pas trop vite, ligne droite... n'empêche qu'on est encastrés dans un arbre sur une route paumée, que la voiture fume et que je n'arrive même pas à crier tellement j'ai mal... J'ai la bouche ouverte, il en sort un son sourd qui me fait peur à  moi-même mais qui n'est pas un cri. Et puis j'entends "Arrête! Tais-toi! Parle-moi! Dis moi si ça va!" C'est mon copain au volant. Il est conscient, je vois du sang sur sa jambe mais il me dit qu'il n'a rien. Moi j'ai mal, mais je n'arrive même pas à savoir où, c'est diffus, c'est partout, c'est un cauchemar... Si, c'est à la jambe. J'essaie de la bouger: une douleur abominable m'arrache un cri, un vrai cette fois. "La voiture fume, il faut sortir!" me dit Franck. Je ne peux même pas bouger. J'essaie d'ouvrir la portière, elle est coincée, la sienne aussi. Le choc les a déformées. Je ne sais pas comment j'ai la présence d'esprit de chercher à enlever la clé de contact, mais elle a été éjectée. Le tableau de bord, la radio, le pare-brise et ma vitre à l'avant sont brisés. Pendant ce temps, je ne l'ai pas vu, mais mon copain à tenté de sortir par le coffre. Je tente encore de sortir : impossible. J'ai peur, j'ai mal, je ne sais pas quoi faire.
A ce moment là, une femme accourt près de ma portière! Pourtant  il n'y avait pratiquement personne sur le trajet! Elle me dit: "Il faut que vous sortiez!" moi: "je ne peux pas, j'ai une jambe cassée, la portière est coincée!" elle: "On va vous aider, vous n'avez pas mal au dos?" Son mari arrive. C'est un couple d'une soixantaine d'années, ils me disent qu'il n'y a pas de danger pour la voiture, elle ne fume plus. Le mari:" C'est une chance que la vitre ait explosé, on va pouvoir vous sortir". Ils m'attrappent je ne sais même plus comment, ça réveille ma douleur mais je suis sortie! Franck a réussi a sortir seul mais il a très mal au pied: en essayant de sortir de la voiture, son pied s'est retrouvé coincé sous les pédales et il a trop tiré pour le sortir.
La dame, me traîne suffisament loin de la voiture. Là, elle pose ma tête sur sa jambe, et me demande où j'ai mal. "A la jambe, au genou, en fait". Elle: "Ne t'inquiète pas, tu es jeune, même si tu as quelque chose de cassé, tu vas vite t'en remettre. Tu vois ma jambe sur laquelle ta tête est posée? A l'intérieur, j'ai une prothèse de genou en plastique. Eh bien je peux faire plus de choses qu'avant, avec! On vit très bien, ne t'inquiètes pas. Et puis tu n'auras sûrement pas besoin d'une prothèse..." elle me parle, elle me rassure en me passant la main dans les cheveux... Ca faisait tellement longtemps qu'on n'avait pas eu ce geste pour moi. J'en oublie presque ma douleur. En vous en parlant ça me donne envie de pleurer, c'était beau.
Entre temps, d'autres gens se sont arrêtés en voyant la voiture accidentée. Une jeune femme arrive près de moi. "Ca va? J'ai vu votre ami, il va bien, ne vous en faites pas. J'ai appelé les pompiers, ils arrivent très vite. Est-ce que je peux appeler quelqu'un pour vous? Votre famille?" Moi: "Oui, mes parents" je lui donne leur numéro et puis je pense: "Mince, comment elle va leur annoncer? j'espère qu'elle ne va pas trop les affoler...". Elle: "Allô, Bonjour madame. Je suis avec votre fille en ce moment. Elle va bien, mais elle et son ami ont eu un accident. Je l'ai à côté de moi,elle veut vous parler, je vous la passe". Moi, bêtement: "Maman? Je suis désolée on a cassé la voiture..." (C'était celle de mon père). Ma mère, folle d'inquiétude: "Mais je m'en fous de la voiture!! Qu'est  ce que tu as?!!" "Ca va, mais je crois que j'ai la jambe cassée et Franck a un pied cassé, les pompiers vont arriver, on va aller à l'hôpital." "Ton père n'est pas là, j'ai pas de voiture!! J'arrive dès que je peux!"
En attendant les pompiers, d'autres voitures encore se sont arrêtées. Un mec est sorti de l'une d'elle et est allé directement à notre voiture, sans un regard pour nous et il s'est mis à la regarder sous toutes les coutures. Heureusement, le mari de la dame, qui était allé chercher notre couverture dans le coffre lui demande de déguerpir.
Quand il nous rapporte la couverture (tout le monde pensait qu'on avait froid alors qu'on tremblait à cause du choc), je l' entends dire à la jeune femme: "On s'est arrêtés tout de suite avec ma femme. Mais ça n'a pas été le cas des 3 voitures qui étaient devant nous..."...

[...]

Répondre à cet article