Des souvenirs qui remontent, ça fait longtemps, c'était encore bien, c'était les premiers (é)mois, tout n'avait pas encore été gâché... ce cinéma de petite ville balnéaire...
Je m'étais forcée à verser une larme discrètement, pendant le film, pour ne pas faire trop insensible parce qu'on m'avait dit que je ne pleurais jamais pendant les scènes émouvantes.
Pas ma faute, mon émotion est implicite et j'ai pas envie de la partager.
Mais là j'avais essayé. J'avais regretté, je pleurais faux. Alors j'avais arrêté, puis je trouvais que ça faisait mièvre, trop de fierté.
Dans le film il y a de la poésie, des bons sentiments, de l'amour, de l'émotion... Ca fait pas bien, ça fait commun de pleurer pour ça, la recette est trop parfaite, ça peut pas marcher sur moi, trop de recul. La poésie, tout ça... non, je peux pas c'est trop calculé. J'ai préféré faire croire que je ne pouvais pas être touchée par ce genre de chose, comme d'habitude.
Mais quand même... 
Il y avait l'Italie. L'acteur n'a pas eu l'occasion de voir le film, il est mort le lendemain du tournage. Son personnage n'avait pas non plus revu son héros/ami.
Je n'ai pu que limiter la fuite... celle qui sonnait juste. Et puis j'ai pas eu la force de faire les sarcasmes habituels qui suivaient le visionnage de tout film sentimental duquel mes copines au coeur tendre ressortaient délestées de leurs paquets de Klinex.
Ca m'énervait, j'aurais voulu me foutre de leur gueule...

Je l'ai revu ce soir, ça m'a amusée, j'ai pas eu besoin de me cacher: j'ai pas eu envie de pleurer... Comme la plupart du temps.
Ca m'a juste ramenée dans ce petit cinéma de station balnéaire, un cinéma tout rénové mais qui gardait encore l'esprit des vieux cinoches Art Déco, un peu surannés, un peu Paradiso... 
En moi aussi, il reste encore des pans de murs de la fille que j'étais dans ce cinéma, à travers les peintures refaites à neuf! (Quelle métaphore!)

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