Après 2 mois de suspense insoutenable, la 1ère partie de la révélation du mystère de la Mourmanie: 

 

 

 (Rappel) Melle Ptitetsu mit son doigt sur la portion de papier bleu qui aurait dû faire figurer son pays et sentit ses larmes couler. Tout s’écroulait, elle ne comprenait plus rien. C’est comme si son ancienne existence n’avait jamais existé, comme si elle avait tout rêvé, tout imaginé…

-         Mais ?! Vous avez le doigt sur… la Mourmanie ?! fit une voix derrière son dos…

 

Melle Ptitetsu se retourna vivement. Un homme d'âge mûr se tenait devant elle avec une expression d'étonnement mêlée d'espoir.

- C'est bien ça n'est-ce pas? Vous montriez la Mourmanie à l'instant?!!

- Oui!! Vous connaissez ce pays? Vous savez ce qui se passe??

- Mon Dieu! C'est inespéré! C'est... !! Oh! Vous êtes Mourmanienne?? Vous savez comment rentrer au pays, n'est ce pas? Dites-moi que vous le savez...

- Non!.. je ne sais pas comment rentrer. Justement je venais voir si... Mais qui êtes vous? Vous venez de Mourmanie aussi?

- Pardonnez-moi! Je vous ai abordée un peu abruptement, c'est vrai... Je suis Mr Oslo, citoyen Mourmanien en exil, semble-t-il, depuis un peu plus de 3 ans. Voyez-vous, voilà 3 longues années que je passe tous les jours après ma journée de travail dans tous les aéroports, toutes les gares pour vérifier si la liaison avec la Mourmanie a été rétablie et rien... rien depuis 3 ans... C'est à en douter que la Mourmanie ait jamais existé...

- Mais, comment êtes-vous arrivé en France ? Et pourquoi ne peut-on pas faire le trajet inverse??

- C'est une longue histoire mais, avec les années, je pense commencer à me faire une petite idée de ce qui se passe... Mais, me permettrez-vous de vous en dire plus devant un café ou un rafraîchissement?

Ils s'installèrent à la table du bar de l'aéroport et Mr Oslo commença son récit:

- " Il me faut malheureusement commencer par vous rappeler quelques éléments de l'histoire de la Mourmanie... Je suis conscient que vous devez déjà connaître à fond le sujet pour l'avoir étudié de manière approfondie à l'école mais je suis obligé d'en passer par là et et je crains d'avoir à vous révéler, plus tard,  quelques éléments que l'on passe sous silence, pour des raisons qui me sont inconnues, dans les manuels scolaires...

Vous n'êtes pas sans savoir que notre pays a été fondé très récemment, en 1968, précisément, par de jeunes gens d'origine française épris de liberté et de valeurs nouvelles et révolutionnaires... Je dois avouer que j'ai fait partie des fondateurs de la Mourmanie, ou pour être plus exact et ne point trop faire souffrir ma modestie, des pionniers.
Vos parents ontcertainement dû en être également, je suppose, à en juger par votre âge, n'est-ce pas?"
Melle Ptitetsu acquiesça.

"Oui, nous sommes partis, tel un peuple en exil à la recherche d'une terre plus clémente où pourrait germer la graine de ce qui allait devenir une société idéale, florissante, épanouissante. Je me souviens de ces années là comme si c'était hier... quelle verve, quel espoir! Et le plus beau c'est que nous avons réussi!! Nous avons parcouru la moitié du globe avec tous les moyens de transport imaginables! Avec des bouts de ficelle!! Certains ont silloné la planète en 2CV! En 2CV vous vous rendez compte!! Ah! C'est moins romantique que la caravelle ou la caravane de chameau mais c'était pas mal non plus, va!!   Et puis un jour, nous avons trouvé ce bout d'île, cette terre vierge et hospitalière, idéalement située, disposant de toutes les ressources nécessaires! C'était l'extase!! L'apothéose!! Et inexplicable que personne ne l'ait dénichée avant nous!!"

Melle Ptitetsu connaissait par coeur les récits enthousiastes que lui avaient fait ses propres parents à propos de cette "époque bénie", les "ah! C'était le bon temps!" et elle les écoutait toujours avec sympathie et émotion mais là, elle ne pouvait s'empêcher de penser que Mr Oslo en faisait un poil trop dans l'émotion et la débauche de qualificatifs laudatifs!

Mr Oslo poursuivit: "Vous rendez-vous compte, jeune demoiselle! Etre à l'origine d'une société! En être responsable depuis la base! La fabriquer de ses mains!! Nous, une poignée de blanc-becs de votre âge (sauf votre respect bien entendu!) aux idées farfelues et utopistes! Voir et participer à l'incarnation de son idéal social!! A la naissance d'une Nation!!!  AAAH!! hum... humm... mais je m'égare... voici donc les circonstances funestes qui m'ont ramené vers ce pays que j'avais quitté sans me retourner et duquel je souhaite partir le plus vite possible!!

Lorsque je suis parti fonder, avec mes camarades, le pays où vous êtes née, Mademoiselle, ma compagne d'alors ne m'a pas suivi... Elle avait ses raisons et je pense aussi qu'elle  dû être effrayée par l'ampleur du projet que nous mettions sur pied avec les camarades...Elle ne devait pas penser qu'une telle folie était réalisable...
Elle voulait que je reste avec elle... 
Je suis parti... quand même...
J'étais tout entier à ce projet, à ce rêve magnifique qui se réalisait, et je me suis forçé à ne plus penser à elle pendant de longues années.
Et puis.... un jour, alors que le rêve était devenu réalité, que j'étais heureux en Mourmanie, que pour rien au monde je ne serais parti de ce pays que j'avais bâti de mes mains, que tout allait pour le mieux, que je pratiquais des activités qui me passionnaient... je ressentis vide, il me manquait quelque chose, ou plutôt quelqu'un... Je réalisais alors que jamais personne n'avait remplacé le souvenir de Favo (c'était son nom).
J'avais beau me raisonner, me dire qu'en Mourmanie il y avait un tas de femmes passionnantes et intéressantes, que Favo devait être mariée depuis longtemps à l'heure qu'il était, rien n'y faisait... J'entamai des recherches et réussis à trouver ses coordonnées par chance! L'angoisse au ventre, je l'appelai, ne sachant à quoi m'attendre... A ma grande surprise, le ton de sa voix semblait exprimer la surprise mêlée de joie sincère et après quelques platitudes, j'osai enfin  m'excuser de ma conduite d'il y a quelques années et lui avouer qu'elle n'avait jamais quitté mon coeur...Et là, ce fut le bonheur! Elle me dit qu'elle ne m'avait jamais oublié non plus...

Nous nous sommes appelés tous les jours pendant deux ans. Favo était séparée de son mari depuis quelques années, elle me confia d'ailleurs qu'il était étrangement mon  opposé... Elle avait un fils, d'une vingtaine d'année, carriériste et jeune loup, le portrait de son père... En France, Favo travaillait et son métier lui pesait, elle était de plus en plus déçue de l'évolution des conditions de travail, des perspective de plus en plus sombres qui s'ouvraient devant elle, de "la vie de con" comme elle disait qu'elle menait... Je lui parlais longuement de la Mourmanie, de la joie de vivre qui régnait dans ce pays... et de fil en aiguille je lui suggérai qu'il n'était pas trop tard pour venir recommencer une nouvelle vie plus épanouissante, plus riche... avec moi...

A ma grande joie elle accepta ma proposition de venir vivre en Mourmanie avec moi! J'étais le plus heureux des hommes! Nous passâmes de longues heures à préparer son arrivée et à anticiper son émerveillement lorsqu'elle découvrirait mon pays et mon bonheur de la serrer à nouveau dans mes bras!!

Mais un jour que je composais son numéro comme d'habitude, plus rien... Un message m'indiquait que je me trompais de numéro... Plus aucun moyen de joindre Favo! J'essayais tout! Courrier, recommandé... aucune réponse...

Désespéré, fou d'inquiétude, au bout d'une semaine sans nouvelles, je décidais de prendre le premier avion pour la France tirer cette affaire au clair, coûte que coûte!!"

 

A suivre...

 

 

 

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